À propos
Observatoire Jeunes et Société
L’Observatoire Jeunes et Société (OJS) est un regroupement rassemblant plus de 80 chercheurs du Québec, du Canada et d’ailleurs, qui s’intéressent à la jeunesse. L’OJS se structure selon quatre grands champs de recherche : Jeunes en difficulté et action sociale ; Éducation et socialisation ; Travail et insertion professionnelle ; Pratiques culturelles et politiques, qui s’inscrivent tous dans une vision commune de la jeunesse.
Depuis sa fondation en 1998, l’OJS a adopté une approche de la jeunesse en trois points :
La jeunesse est une construction sociale, politique et sociologique et non uniquement un fait biologique. Notre posture théorique consiste à conceptualiser la jeunesse comme une période de transitions vers la vie adulte, caractérisée par un processus de construction de soi et d’insertion dans les différentes sphères de la vie qui conduisent à l’autonomie. Ces transitions touchent les dimensions scolaire, professionnelle, résidentielle, financière, relationnelle, familiale, matrimoniale et identitaire du passage à la vie adulte. Plus spécifiquement, elles concernent l’éducation postsecondaire, l’insertion en emploi, l’installation dans un logement indépendant des parents, la formation du couple, la création d’une famille, etc.
La forme que prennent ces transitions est grandement liée au contexte social, économique et culturel de l’époque et dans la société où elles se vivent. En conséquence de certaines transformations sociales, comme l’allongement de la scolarisation, les transitions vers l’âge adulte se font aujourd’hui plus tardivement et de manière moins linéaire. Elles sont souvent soit reportées, soit amorcées en parallèle les unes des autres, avec de surcroît des situations où les individus font des allers retours, par exemple entre le travail et les études ou entre le logement indépendant et le retour chez les parents. Ainsi, des statuts auparavant généralement considérés comme disjoints (étudiant, parent, travailleur) se chevauchent de plus en plus, accentuant l’interdépendance des diverses sphères de la vie.
En somme, la jeunesse est une période de la vie remplie de défis à relever pour se construire et accéder à l’autonomie.
En tenant compte du contexte social et économique, y compris les normes de réussite sociale, qui apporte son lot de contraintes et d’opportunités au cours de ces transitions, la posture théorique de l’OJS consiste à concevoir les jeunes comme des acteurs sociaux, ayant la capacité de faire des choix et de transformer leur situation en mobilisant certaines ressources. Loin d’être des membres passifs de la vie en société, l’individu, seul ou en groupe, peut agir face à ces contraintes, en mobilisant un certain nombre de ressources personnelles et par des soutiens extérieurs. Ces soutiens peuvent prendre une variété de formes, tant matérielles que morales. Elles peuvent provenir de diverses sources : de la famille et du réseau social, jusqu’aux soutiens institutionnels gérés par l’État, en passant par une panoplie de groupes communautaires et d’associations diverses.
Cette définition sociologique se distingue des approches qui se concentrent sur les problèmes et qui présentent souvent les jeunes soit comme des victimes, soit comme les seuls responsables de leur situation et de sa transformation.
Les discours publics et médiatiques ont tendance à présenter « la » jeunesse comme si elle constituait un ensemble homogène. Les travaux menés à l’OJS soulignent pourtant la diversité de ce groupe d’âge dans chaque pays, et ce, selon plusieurs axes qui s’entrecroisent (régions, genre, origine ethnique, situation socioéconomique personnelle, etc.). Ces différences sont importantes parce qu’elles influencent l’ensemble de la trajectoire du jeune ; les spécificités du jeune marquent autant les contraintes et les occasions qu’il rencontre que sa construction de soi, ses valeurs et ses choix.
Il nous semble donc important de reconnaître qu’il n’y a pas qu’un seul chemin vers la « réussite » de sa vie, ni une conception unique de ce que celle-ci représente. Les jeunes bricolent leur trajectoire personnelle à l’intérieur d’une panoplie de contraintes, de ressources et d’univers de sens ce qui présente de constants défis aux chercheurs.